Après la polémique sur les Uber files et la complaisance de Macron vis à vis de l'entreprise américaine, on est passé une fois de plus à côté du débat nécessaire sur le nouveau rapport à l'emploi qu'ont les travailleurs et le contrat social qui devra être négocié avec les syndicats.
S'il est clair que l'indépendance des travailleurs de ces plateformes de services en ligne est toute relative, la justice a requalifié en France et à l'étranger la relation entretenue entre les entreprises numériques et plusieurs chauffeurs - livreurs en contrat de travail salarié, on ne peut pourtant pas occulter l'aspiration des générations y & z à vouloir organiser de manière plus autonome ses activités professionnelles, familiales et de loisirs comme bon lui semble. Plus encore, la crise sanitaire a accentuer l'aspiration des jeunes et moins jeunes cadres ou administratifs à télétravailler pour articuler sa vie professionnelle et personnelle.
La crise des recrutements, et comme le signale depuis plusieurs mois maintenant (pour ne pas dire quelques années) les responsables des ressources humaines, montrent sans détour que nous avons tourner la page de l'emploi stable, CDI, et attacher à une seule et même entreprise tout au long de sa carrière. Un indice qui devrait alerter les managers sur le changement de paradigme quand au lien de suboordination des salariés et l'organisation encore très, trop, hiérarchique des entreprises (y compris les plateformes tel que Uber).
Mais voilà, le plus jeune président qui ai été élu en France a un train de retard. En réformant, une fois de plus, le lycée professionnel et s'acharnant à vouloir faire de l'apprentissage LA solution magique de l'emploi des jeunes s'obstine dans une vision passéiste de leur avenir professionnel. Car il faut le rappeler, l'apprentissage se développe plus que jamais pour les étudiants du supérieur mais n'a pas démontré son efficacité pour les jeunes des niveaux 3 (CAP) et 4 (BAC PRO).
Tout d'abord, en subventionnant massivement l'apprentissage sans réelle contrepartie de formation, et il incite les entreprises à multiplier l'embauche d'apprentis sans réelle garantie de maintien d'un haut niveau d'emploi à long terme. Ce sont souvent ces mêmes entrepreneurs, n'ayant ni la culture pour s'investir dans la formation ni la culture du dialogue sociale, qui se plaignent de ne pas trouver de main d'oeuvre qualifié, d'avoir des salariés "infidèles" ou exigeant à juste titre de meilleurs conditions salariales !
Ensuite, les réformes successives de la formation professionnelle ont réduit la part d'enseignement général pourtant plus que jamais nécessaire dans le monde complexe dans lequel nous vivons, incontournable pour ne pas céder aux politiques populistes et gourous anti-tout, à commencer par la science. Plus étonnant encore, la part d'enseignement professionnel qui devrait permettre à chacune et chacun de s'adapter aux mutations technologiques et métiers de demain a été elle aussi rognée pour laisser une part plus importante à la formation en milieu professionnel au sein des entreprises qui n'ont pas de sérieux objectifs à atteindre dans l'acquisition des compétences du jeune accueilli !
Non, il faut, selon la logique très libérale de notre chef d'état et son gouvernement, des jeunes "prêt à l'emploi" (au sens propre comme au sens figuré) pour servir immédiatement "le grand capital" comme dirait mes amis marxistes. Une vision très courtermiste de l'avenir pour la jeunesse qui devra pourtant assumer la transition écologique du monde et bâtir un nouveau contrat "de protection" sociale pour assurer la survie et la cohésion de la civilisation contemporaine. Car on ne peut pas s'émouvoir d'un côté d'avoir des personnes de plus en plus retranchées dans leur indiviualité et enfermées dans un certain communautarisme, tout en persistant à rendre notre jeunesse docile et serviable aux injonctions de la société de consommation !
Mais pour cela, le gouvernement d'Élisabeth Borne s'apprête à conditionner le droit au chômage au marché de l'emploi, et ainsi, comme pendant la crise saniataire, assouplir les conditions quand le marché de l'emploi est tendu mais durcir les modalités de versement de l'allocation quand, comme actuellement, il y a beaucoup d'emplois à pourvoir ! Si la majorité au parlement est relative, les députés Renaissance peuvent être assurer que la droite se raliera sans difficulter à ce projet très conservateur en se passant, malgré le changement de méthode, d'une négociation sérieuse avec les partenaires sociaux qui ont d'ores et déjà, et à juste titre, rejetés la proposition !