Le psycho-drame médiatico-politique de la grève des contrôleurs à Noël à peine refermé, on enchaîne avec celui des médecins libéraux ... (avec eux, on ne parlera pas de prise d'otages des patients / clients).

Les journalistes auront passé rapidement sur l'essence de ces mouvements de contestation qui en réalité sont nés de la coalition sur les réseaux sociaux de revendications individuelles hétéroclites. La défiance de ces personnes envers le gouvernement n'a d'égale que celle qu'ils ont à l'égard de leurs représentants légitimes dans les syndicats, et c'est tout là le sujet qui doit nous préoccuper. D'autant plus, que, sous la présidence d'Emmanuel Macron, les gouvernements successifs ont clairement écarté les corps intermédiaires dans toutes les réformes dans lesquels ils étaient concernés ; travail, chômage, retraites, ... et pas seulement les syndicats de salariés, mais aussi les élus locaux dans les réformes tel que celle de la taxe d'habitation.

La leçon des gilets jaunes n'aura servie à rien, et malgré l'engagement la main sur le coeur de changé de méthode pour ce nouveau quinquenat, le président n'a tenu compte d'aucun avertissement sur la colère sociale qui couvait dans la société. Il multipliera les chèques ; carburants, énergie, ... pour faire face à l'inflation sans plus de concertation. On passera sur le budget de la sécurité social voté à coup de 49.3, cet article bien pratique, qui permet au gouvernement d'enjamber le parlement quand la majorité relative ne lui permet pas d'obtenir une validation de ces décisions par ses propres députés.

Les ordonnances travail ont tué le dialogue social, et si dans les entreprises on s'est organisé pour le faire plus ou moins vivre, on notera que l'état n'est pas au niveau de ce qu'une grande démocratie - pire celle qui en a jeté les bases au XVIIIème siècle - en matière de choix qui vise l'intérêt général.

On peut le dire désormais que ces contestations qui s'agrègent sur les réseaux sociaux en dehors de toute légitimité démocratique marquent finalement le triomphe du libéralisme, qui préfère répondre aux revendications (fussent-elles entendables) d'un groupe aux intérêts personnels convergents qu'à des représentants ayant obtenu une majorité de suffrage lors des élections professionnelles. Comme l'a dit un jour cyniquement Warren Buffet : "La lutte des classes existe et c'est la mienne qui a gagné !". Certes, les syndicats doivent s'interroger et se remettre en question (ce qu'ils font au passage) sur la manière dont ils portent la parole des salariés et agents publics, mais il faut bien en convenir, la menace, l'invective et la violence semble souvent plus impressioner nos dirigeants et payer que les propositions construites et négocier entre partenaires sociaux.

Pour autant, et prenez le comme un avertissement, les millions de gouttes d'eau portées dans le bec des colibris n'éteindront pas l'incendie de la colère sociale !